Sponsors

samedi 19 juillet 2014

cour distillation extractive et réactive



CHAPIRE IV
DISTILLATION EXTRACTIVE ET REACTIVE

1.      Introduction:

Dans tous les secteurs d’activité et surtout dans l’industrie chimique la préservation de l’environnement est de plus en plus importante. L’industrie chimique a un impact important et permanent sur l’environnement. Les procédés chimiques sont consommateurs d’énergie et de matière première. Une partie significative de l’impact environnemental vient de ces deux besoins parce qu’il faut produire l’énergie des procédés et régénérer des produits notamment les solvants. Ces besoins peuvent être diminués par l’intensification des procédés existants ou par le développement des nouveaux procédés propres. L’intensification des procédés peut être définie comme une stratégie qui vise à réduire le ratio taille des équipements/capacité de production. Elle a donc comme objectif d’aboutir à de nouvelles technologies et de nouveaux équipements aussi bien que de nouvelles méthodes et procédures de conception de procédé. L’impact attendu d’une telle approche sur les industries de transformation de la matière peut être décliné en cinq points : réduction des coûts, réduction de l’énergie, compacité des équipements, réduction des rejets et augmentation de la sécurité. La distillation est un des procédés de séparation le plus ancienne et le plus utilisée. Plusieurs variantes (la distillation extractive, la distillation réactive, etc.) ont été inventées pour améliorer l’efficacité, mais la recherche continue sur ce sujet notamment pour intégré au sein de la distillation une fonction réaction. L’utilisation de la distillation discontinue à la place du procédé continu est notamment pertinente dans le secteur chimie fine où la composition ou la quantité du mélange à séparer change fréquemment.

2.      Distillation

 La distillation est un procédé de séparation exploitant la différence de volatilités des constituants. Le principe de la distillation repose la vaporisation partielle du mélange à séparer et la condensation de la vapeur sortant de la colonne de distillation. La distillation peut être réalisée soit dans une cuve simple (distillation simple), soit dans une colonne à plateaux, soit dans une colonne au garnissage (colonne à distiller ou colonne à rectifier). Une colonne à distiller comporte trois parties principales : un évaporateur ou bouilleur en bas de la colonne, la colonne elle-même et un condenseur en tête da la colonne. Dans le cas de la rectification la phase vapeur et liquide coulent à contre-courant dans la colonne permettant un échange de matière entre les phases. La vapeur montant dans la colonne provient du bouilleur ; la structure interne de la colonne permet un contact intensif entre les deux phases et facilite ainsi le transfert de matière ; le condenseur et le reflux garantissent un écoulement de la phase liquide vers le bas (Figure 1).
 
Figure 1. – Schéma de la distillation

La partie au dessus de l’alimentation forme la zone d’enrichissement, parce que le constituant le plus léger s’enrichie dans cette section. La partie en dessous de l’alimentation forme la zone d’épuisement ou d’appauvrissement, parce que le constituant le plus léger s’appauvrie dans cette section de la colonne. Un mélange zéotropique (non azéotropique) binaire peut être séparé en corps quasi purs dans une seule colonne. Le mélange binaire est alimenté au milieu de la colonne, le constituant le plus léger est soutiré en tête de la colonne et le constituant le plus lourd en bas de la colonne. La séparation d’un mélange binaire peut être représentée graphiquement, par exemple, par le diagramme McCabe-Thiele. La méthode (McCabe-Thiele, 1925) suppose des étages théoriques et que les constituants du mélange ont des enthalpies de vaporisation semblables. Wang-Mansoori (1994) a amélioré la méthode de McCabe-Thiele,  mais elle n’est pas la seule méthode pour déterminer le nombre d’étages théoriques. Il existe encore, parmi les autres, la méthodes de Ponchon-Savarit (Ponchon, 1921) ou bien la méthode de Fenske (1932), etc.

La Figure 2 représente la méthode de McCabe-Thiele dans le cas du reflux total. Chaque segment vertical représente la relation entre les phases liquide et vapeur en équilibre sur un plateau alors que les segments horizontaux représentent les relations entre les phases vapeur et liquide coulant à contre-courant. Un segment vertical et horizontal ensemble représentent un étage théorique. Par conséquent le diagramme McCabe-Thiele peut être utilisé pour déterminer le nombre d’étages théoriques (NET) pour une séparation souhaitée.
 
Figure. 2 – Détermination du NET par le diagramme McCabe-Thiele

2.1.Distillation discontinue

Quand le mélange à séparer se présente en grande quantité avec une composition quasi constante dans le temps, la distillation continue est un choix raisonnable. Si la composition ou la quantité du mélange à séparer change fréquemment ou si la spécification des produits de la distillation est très sévère, alors la distillation discontinue est un procédé plus adapté. La distillation discontinue est souvent utilisée dans le secteur de la chimie fine.
Figure 3 – Schéma de la distillation discontinue

Dans le cas de la distillation discontinue dans une colonne d’enrichissement, une charge donnée est tout d’abord introduite dans le bouilleur de la colonne. La rectification du mélange est poursuivie jusqu’à l’obtention du ou des produits souhaités. Il n’y a pas de soutirage en bas d’une colonne d’enrichissement discontinue (Figure 3), donc le ou les produits sont soutirés en tête de la colonne en tant que distillat. Les constituants sont soutirés par ordre de volatilités décroissantes et le constituant le plus lourd reste dans le bouilleur.

3.      Distillation extractive

 La séparation des mélanges azéotropiques est impossible en utilisant la distillation conventionnelle continue ou discontinue. Lorsque les constituants forment un azéotrope à minimum le produit en tête est proche de la composition azéotropique aussi bien dans le cas de la distillation continue que de la distillation discontinue parce qu’elle est la composition la plus volatile. Quand les constituants forment un azéotrope à maximum le produit en pied (cas de la distillation continue) ou la rétention dans le bouilleur à la fin de la séparation (cas de la distillation discontinue) est proche de la composition azéotropique parce qu’elle est la composition la moins volatile. Pour séparer ces types de mélange la volatilité relative des constituants doit être modifiée de telle sorte à pouvoir obtenir les corps purs. Une possibilité est l’utilisation d’un constituant supplémentaire appelé tiers corps ou solvant, qui sera majoritairement présent dans la phase liquide. Un tiers corps convenablement choisi permet un accroissement de la volatilité relative. Un solvant sera d’autant plus efficace qu’il cause un changement plus important avec la même concentration. La Figure 4 présente l’effet de deux solvants (E1 et E2) pour séparer un mélange binaire A et B. Le deuxième solvant (E2) est plus efficace que le premier (E1). Pour présenter l’efficacité d’un solvant les compositions sans solvant sont utilisées au lieu des compositions traditionnelles
Figure 4 – Effet du solvant sur la volatilité relative

Dans le cas de la distillation extractive la présence d’un tiers corps est exigée dans la phase liquide. Elle peut être assurée avec une alimentation continue.

3.1.Distillation extractive discontinue

 La distillation extractive discontinue est un procédé récent. Son étude circonstanciée a commencé dans la dernière décennie. Elle réunit les avantages de la distillation extractive et discontinue. Le mélange à séparer est chargé dans le bouilleur et l’entraîneur est alimenté en continu dans le bouilleur ou dans la colonne. Dans le cas de l’alimentation dans la colonne, la colonne elle-même comporte deux zones : la zone d’enrichissement et la zone d’extraction. La Figure 5 représente la configuration de la distillation extractive discontinue dans une colonne d’enrichissement.
 
Figure 9 – Schéma de la distillation extractive discontinue

4.      Distillation réactive

 La distillation réactive signifie l’intégration des fonctions de distillation et de réaction dans le même appareil. Les buts principaux de la distillation réactive sont l’amélioration du taux de conversion, l’accroissement de la sélectivité et de la productivité d’une réaction équilibrée tout en résolvant des problèmes de purification des produits. Par exemple le procédé traditionnel de l’acétate de méthyle (Figure 11) comporte un réacteur (i) et une série des colonnes á distillé et une colonne d’extraction (vi). La série des colonnes á distiller contient cinq colonnes á distillé traditionnelles (ii, iv, v, x, xi), une colonne de la distillation extractive (iii) et une paire des colonnes (vii, ix) de distillation hétéro azéotropique avec un décanteur (viii). La conversion totale des constituants bruts est assurée par les recyclages de l’acide acétique et du méthanol qui n’ont pas réagi.
La formation de l’acétate de méthyle est décrite par l’équation 1
Figure 11 – Production traditionnelle de l’acétate de méthyle

Par contre chez Eastman Kodak Co. la fabrication de l’acétate de méthyle est réalisée dans une seule colonne réactive (Figure 12) et une conversion proche de 100 % est obtenue.
Figure 12 – Formation de l’acétate de méthyle par distillation réactive

La réaction est mise en place dans la zone sombrée, tout le long de la colonne au-dessous de l’alimentation du catalyseur homogène (H2SO4). L’azéotrope entre le méthanol (A) et l’acétate de méthyle (C) est cassée avec l’alimentation de l’acide acétique (B), qui est le constituant le plus lourd dans le système. L’application de la distillation réactive peut diminuer le prix d’installation, la consommation énergétique, et la production de sous produits. Dans le cas de la production de l’acétate de méthyle, un seul appareil remplace le réacteur et une série des colonnes à distiller (ce qui signifie un prix d’installation cinq fois plus petit, Malone-Doherty, 2000) ; il n’y a pas de recyclage, il n’y a qu’une seule colonne à distiller (ce qui signifie une consommation énergétique cinq fois plus petit) ; en plus il n’y a pas de besoin de tiers corps (l’acide acétique, un des réactifs, est utilisé pour casser l’azéotrope entre le méthanol et l’acétate de méthyle). Naturellement l’application de la distillation réactive est plus large que la seule production de l’acétate de méthyle.

La distillation réactive continue peut être mise en pratique dans des configurations variées. Les Figure 13-Figure 15 représentent les configurations les plus fréquemment étudiées.
Figure 13 – Configurations de la distillation réactive continue a) configuration entièrement réactive b) configuration avec une section réactive c) configuration avec catalyse homogène

Une colonne complètement réactive est représentée sur la Figure 13a. Ce type des configurations est utilisé dans le cas des réactions non catalysées, comme l’estérification en utilisant l’anhydride d’acide acétique (e. g. Cardona et al., 2001). La Figure 13b représente une colonne á distillé avec une section réactive. Cette configuration nécessite la présence d’un catalyseur hétérogène. Si le catalyseur utilisé est homogène la section non réactive en bas de la colonne ne peut pas être assurée (voir l’exemple de la formation de l’acétate de méthyle sur la Figure 12). La formation des éthers de l’essence (MTBE : Sundmacher-Hoffmann, 1996 ; Noeres et al, 2003; ETBE : Tian et al, 2003; TAME : Baur-Krishna, 2002a) pures nécessite une configuration du type Figure 13b et par conséquent la présence d’une catalyseur hétérogène. La Figure 1.14c représente la configuration des colonnes avec catalyse homogène. Dans ce cas, le catalyseur lourd est alimenté avec l’alimentation supérieure. Dans le cas de la distillation réactive, deux points de vue contraires existent. Atteindre l’équilibre de la réaction exige un temps de résidence assez long ce qui signifie une rétention significative dans la section réactive. Par contre une rétention importante diminue l’efficacité de la séparation car elle diminue les aires interfaciales. Les configurations représentées sur les Figure 14 et Figure 15 montrent quelques possibilités pour résoudre ce problème. La Figure 14 représente la configuration d’une colonne avec un réacteur latéral (Schoenmakers-Buehler, 1982 ; Baur-Krishna, 2002b ; Jakobsson et al, 2002). La colonne est complètement non réactive et le courant liquide ou vapeur est soutiré partiellement et alimenté dans un réacteur latéral. Le courant sortant du réacteur est recyclé dans la colonne au même endroit ou quelques étages théoriques plus haut ou plus bas. Ainsi la colonne ne comporte pas la grande rétention

Figure 14 – Configurations des colonnes avec un réacteur latéral a) avec un soutirage vapeur b) avec un soutirage liquide
Figure 15– Configurations des colonnes couplées à un réacteur a) colonne d’enrichissement avec un réacteur b) colonne d’épuisement avec un réacteur c) colonnes d’enrichissement et d’épuisement avec un réacteur

Une autre possibilité d’éliminer des zones de grande rétention est l’utilisation d’une colonne ou deux colonnes couplées à un réacteur. La Figure 14 montre ces configurations (Hu et al., 1999 ; Chiang et al., 2002). Yi-Luyben (1997ab) ont étudié la conception et le contrôle des configurations présentées sur la Figure 15. Les auteurs ont recherché la configuration la plus appropriée pour un système réactif donné. La configuration d’un réacteur couplé à une colonne non réactive ou aux colonnes non réactives est la configuration la plus ancienne de la distillation réactive (Sharma et Mahajani : Kienle-Sundmacher, 2002). La récupération de l’ammoniac dans le Solvay procédé qui a mis en pratique la distillation réactive dès le 19 siècle.

4.1.Distillation réactive discontinue

 La distillation réactive discontinue réunit les avantages de la distillation réactive et du procédé discontinu. Le mélange réactionnel est chargé dans un bac. La réaction peut être mise en place uniquement dans le bac ou dans le bac et dans la colonne. S’il y a de la réaction uniquement dans le bac alors les configurations de la distillation réactive discontinue sont presque identiques á celles représentées sur la Figure 15. La seule différence est l’absence de l’alimentation continue dans le bac (Figure 16). Dans le cas de la distillation discontinue dans une colonne d’enrichissement, le mélange est introduit dans le bouilleur et les constituants sont soutirés par ordre de volatilités décroissantes et le constituant le plus lourd reste dans le bouilleur. Dans le cas de la distillation discontinue dans une colonne d’épuisement, le mélange est introduit dans le bac de reflux et les constituants sont soutirés par ordre de volatilités croissantes et le constituant le plus léger  reste dans le bac de reflux. Dans le cas de la distillation discontinue dans une colonne avec un bac intermédiaire, le mélange est introduit dans le bac intermédiaire et les constituants sont soutirés par ordre de volatilités décroissantes en tête de colonne ; et par ordre de volatilités croissantes en pied de colonne. La distillation réactive discontinue est moins étudiée que la distillation réactive continue. Il n’y a que quelques publications sur la conception (Gadewar et al., 2000 ; Huerta-Garrido et al., 2004 ; Guo et al., 2003 ; Guo-Lee, 2004) ou sur la modélisation et la simulation (Albet et al., 1994 ; Xu-Dudukovic, 1999 ; Schneider et al., 2001 ; Espinosa, 2002) de la distillation réactive discontinue.
Figure 16– Configurations de la distillation réactive discontinue  avec un bac réactif a) colonne d’enrichissement b) colonne d’épuisement c) colonne avec un bac intermédiaire

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire